Nous avons tous été bouleversés par les images en provenance d’Haïti. Un tremblement de terre de force 7 sur l’échelle de Richter a détruit la capitale Port-au-Prince et a dévasté une grande partie du pays. Voyons ce qui s’est passé sur le plan géologique.
L’île d’Hispaniola, qui abrite Haïti et la République dominicaine, est assise au point de rencontre de deux plaques tectoniques — la plaque nord-américaine et la plaque caribéenne. Tout le long de ces deux plaques, de nombreuses failles qui laissent échapper l’énergie accumulée, sauf la faille Enriquillo-Plantain-Garden. Cette faille est bloquée depuis 250 ans. L’énergie accumulée y est donc colossale.
Port-au-Prince est construite sur cette faille, une faille qu’on appelle « décrochante », comme la fameuse faille de San Andreas en Californie. Le 12 janvier dernier, à 16 h 53, l’horreur frappe. C’est le décrochement, un mouvement de coulissage se fait sur une cinquantaine de kilomètres le long de la faille Enriquillo-Plantain-Garden. L’un des côtés se soulève de plus d’un mètre. La terre tremble pendant une minute — une éternité.
Les dommages sont énormes parce que l’épicentre du séisme se situe non seulement tout près de Port-au-Prince, soit à 16 kilomètres, mais aussi à faible profondeur, à quelques 8 à 10 kilomètres de la surface. Ce type de tremblement de terre affecte des territoires plus restreints, mais ils sont généralement plus violents avec des répliques nombreuses qui peuvent durer plus d’un an, des répliques qui viennent terminer la destruction initiée par la première secousse.
Pourtant on ne devrait pas se surprendre de cette catastrophe, car la ville avait déjà été partiellement détruite en 1751 (dix-sept-cent-cinquante-et-un) et 1771 (dix-sept-cent-soixante-et-onze). Pour les géologues, ce qui est arrivé en Haïti était inévitable. La reconstruction de Port-au-Prince devrait tenir compte de cette réalité, car là où il y a eu un séisme majeur, il y aura encore un séisme majeur.